Pourquoi souffrons nous ?
Il était une fois un maharaja qui avait un fils prénommé Kumar. Ils vivaient dans un magnifique palais construit et décoré selon les lois de Vastu Shastra (l’architecture védique) et tout y était en harmonie : le marbre protégeait de la chaleur, les galeries étaient ouvertes sur des paysages apaisants pour les yeux et le mental, et les sons des fontaines dans les belles cours intérieures charmaient par le doux bruit de l’eau et invitaient à la méditation ou aux études.
Depuis que Kumar avait appris à marcher, il passait son temps à se promener dans les longs couloirs et sur les terrasses du palais en s’arrêtant souvent pour contempler les splendides ornementations faites de mosaïques colorées.
Dans le même palais vivait Satyavan, le maître de Kumar. Un jour , alors qu’il était très pensif, Kumar lui posa une question : « Maitre Satyavan, pourrais-tu m’expliquer pourquoi certaines personnes souffrent ? ». Au lieu de répondre, le maitre demanda à Kumar de le rejoindre sur l’un des balcons. Puis, Satyavan alla cueillir une rose blanche dans une petite orangerie à côté et invita Kumar à se cacher près de lui. Au moment où un passant traversa la rue au pied du palais, le maitre fit tomber la rose par dessus le balcon en disant « Regarde! ».
Apercevant la fleur au milieu de son chemin, le passant la prit dans ses mains, s’émerveilla de son parfum et sans se poser la question de savoir comment elle avait pu arriver à ses pieds, il poursuivit son chemin.
« Regarde encore! » dit Satyavan à son élève. Il sortit une pièce en or de sa poche, la frotta avec un foulard pour la rendre brillante et la jeta par dessus le balcon. Quelques instants plus tard, un autre passant traversa la rue et apercevant la pièce en or, il se précipita pour la ramasser. Puis, en regardant à droite et à gauche, il s’assura que personne ne l’avait vu et partit presque en courant.
Satyavan esquissa un grand sourire avec sa longue barbe blanche et dit : «Veux-tu toujours savoir pourquoi certaines personnes souffrent ? ». « Bien sûr! » répondit le jeune Kumar. « Regarde alors! ». En disant cela, Satyavan lança un petit caillou au pied du palais. Il visa si bien que celui-ci atterrit directement sur le turban d’un des passants. Stupéfié, le passant leva la tête pour comprendre qui se moquait de lui.
« Pardonne-moi mon frère !» prononça doucement Satyavan.
Puis se tournant vers son jeune élève, il lui dit : « Tu vois Kumar, quand les plaisirs viennent aux gens, ils les acceptent comme faisant partie de la vie. Quand la fortune vient aux gens, ils pensent que c’est grâce à leur propre mérite et essaient de la cacher par peur de la jalousie. C’est seulement quand une souffrance vient aux gens, qu’ils commencent à se questionner sur la nature de sa source, de la Source d’où tout vient. Tout vient du Divin, tout appartient à l’Univers mais nous ne voulons pas connaitre Celui qui nous envoie des cadeaux, alors l’Univers envoie autre chose pour attirer notre attention ».
Conte ancien raconté par Mata Amritanandamayi (Amma)
Préparé par Maitri