Qu’est-ce que le karma ?
Dans notre société, le mot « karma » est passé dans le langage courant, et possède toujours une certaine sonorité, lourdement chargée de mystifications. Par karma certains comprennent un changement fatal du destin, d’autres réfutent le karma parce qu’ils supposent qu’il faudrait qu’ils adoptent une position de croyance en un au-delà. Il y a encore des gens qui considèrent que le karma existe, mais seulement pour les indiens ! Mais qu’est-ce que le karma réellement ?
La loi de cause à effet
Littéralement le mot « karma » signifie en sanscrit « action ». Et chaque action commence par un désir ou une intention. Ensuite, pour chaque action accomplie, il y a une conséquence. Même le simple fait de dire « Bonjour ! » va avoir une conséquence : quelqu’un l’entendra et réagira d’une manière ou d’une autre. Comme rien dans ce monde n’est séparé du reste, nous sommes tous liés comme dans un immense logiciel cosmique, et quoi que nous fassions, cela aura toujours des conséquences et déclenchera de nouvelles actions. Le karma c’est une sorte de gigantesque salade, mélangeant les actions et réactions, et faisant des deux des évènements quasiment indissociables !
C’est la toute-puissance du temps qui fait avancer le karma, qui lui donne son élan. Une action donne une graine, qui avec le temps va germer dans notre mental pour nous apporter le fruit mûri de cette graine. On peut le concevoir comme un programme très subtil, sans faute de frappe, dans lequel tout mot est toujours à sa place ! Souvent, n’ayant pas une vision globale des choses, nous pouvons penser que ce qui nous arrive ou ce qui arrive à l’un de nos proches est injuste, qu’il y a un malentendu, et que l’Univers commettrait des erreurs. Mais en réalité, tout ce que nous vivons aujourd’hui n’est que le bourgeonnement des graines semées hier, seulement nous ne savons pas vraiment quand il eut lieu : il y a un an ou il y a dix incarnations.
Le karma du point de vue de la science
En psychologie védique, toute notion est pratique, y compris celle de karma. Si nous étudions le karma d’un point de vue psychologique, tout se met en place et devient évident et même logique. La psychologie védique explique que le karma se trouve dans notre mental en forme des « samskaras ». Cette notion du samskara est importante, traduite du sanskrit elle signifie « trace » ou « empreinte ». Autrement dit, notre conscience garde une empreinte ou une mémoire émotionnelle de tout ce qui s’est passé dans notre vie dans les moindres détails : nos actions, réactions, nos pensées et paroles. Une partie de cette mémoire reste en surface consciente, une autre atteint les fonds de l’inconscient.. Pour autant ces deux niveaux, chacun à sa manière, nous influencent.
Ainsi, nous vivons chaque jour de petits et grands moments émotionnels qui laissent en nous de petites et de grandes traces sur notre mental. Finalement tous ces samskaras se superposent les uns sur les autres et construisent caractère et personnalité. Par la suite, c’est en fonction de notre caractère que nous faisons des choix et que nous attirons des situations et des personnes dans notre vie.
Par exemple, si la personne a vécu des moments fort douloureux dans son enfance, la mémoire émotionnelle de ces peines restera dans le mental. A l’âge adulte cette personne peut oublier la raison et les circonstances de cette douleur mais ce samskara continuera d’influencer sa vie en imprimant le prisme de ses propres couleurs sur les perceptions et les réactions de ce même individu. Cette personne ne parviendra plus à voir la réalité mais uniquement une perception à travers le voile du samskara.
Comment nous vivons le karma ?
Notre mental garde d’innombrables traces, et, plus une trace est profonde, plus elle influence notre vie. Les samskaras peuvent être négatifs ou positifs, nous rendre plus forts et plus harmonieux, comme nous détruire. En raison d’une conscience altérée, c’est-à-dire quand le mental cumule beaucoup de samskaras négatifs, la personne peut développer des pathologies mentales. Elle est incapable de relations harmonieuses, d’être simplement heureuse. Souvent une telle personne accusera les autres de ses problèmes : la famille, les voisins, le système politique etc. Alors que la cause de ses malheurs se cache dans son propre mental.
Plus une émotion nous atteindra profondément plus elle marquera notre conscience. Aussi, les traumatismes de l’enfance influencent grandement notre caractère, car ils ont été vécus le plus profondément, à un âge où les émotions étaient moins bien maitrisées, alors que , l’âge adulte marque une meilleure maitrise des émotions.
Ainsi, à toute émotion nous donnons naturellement une estimation négative ou positive. Si cette situation se répète, nous la percevrons avec la même gamme d’émotions et nous prendrons l’habitude d’une réaction identique. Donc, pour des situations semblables, l’inconscient fournit des réactions automatiques. Et cela se renforçant de plus en plus, nous perdons notre liberté de choix et d’action, nous devenons esclaves de notre propre mental. Les habitudes que nous renforçons nous rendent dépendants du mental !
Comment le yoga nous aide à changer le karma ?
Un des plus grands rishis (sages) le père du yoga, Patanjali, dans son ouvrage « Yoga Sutra » dit : « Yoga citta vrtti nirodhah ».
Yoga : l’Unique, l’union
Citta : mental Vrtti : vague, modification
Nirodhah : cessation
Autrement dit le « Yoga est la cessation de la fragmentation mentale ». Chaque voie du yoga, soit bhakti yoga (la dévotion), karma yoga (action désintéressée), raja yoga (pratique des postures, de pranayama, et de la méditation) et jnana yoga (la connaissance) à leur manière aident à la personne de maîtriser le mental, à le purifier.
Le grand défi est de vivre en conscience. Conscientiser chacun de nos mouvements, chaque parole, ne rien faire par habitude et par automatisme. Cela consiste à prendre constamment la position du libre arbitre, de l’observateur de ne pas suivre les directions dictées par les samskaras. C’est exactement cette attitude dont parle Jésus en disant « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche ». Ce qui est enseigné ici, c’est de ne pas suivre notre pulsion, ce qui se présente immédiatement à nous. Il ne s’agit pas de faire de soi une victime, mais d’accepter, et de réagir différemment de ce que notre mental nous dicte. Si quelqu’un vous crie dessus dans la rue, vous n’êtes pas obligé de lui répondre de la même manière. Vous pouvez vous dire « Cette personne semble malheureuse, je lui souhaite de trouver la paix ». C’est un choix, il demande de l’effort conscient. C’est à ce moment, dans ces situations, que votre karma change. Pour arriver à le faire régulièrement il faut vivre en conscience, connaitre sa réaction à chacune de ses actions.
C’est pourquoi la pratique des asanas (postures de yoga) a beaucoup d’impact : premièrement, sur notre mental, et deuxièmement sur le corps physique lui-même. Les asanas c’est entre autre « le lieu » pour pratiquer le mouvement en conscience.
En réalité toutes les pratiques spirituelles ont pour l’objectif de calmer le mental pour « ouvrir le passage » vers le Soi, le Divin, le Réalisation. Le mental se dresse souvent devant comme un énorme barrage, il met en scène des pièces dont les scénaris répondent toujours aux mêmes motifs – ceux du karma.
Préparé par Maitri